vendredi 24 décembre 2010




ASTÉRIX LE GAULOIS - RENÉ GOSCINNY & ALBERT UDERZO

Même les collectionneurs en conviendront, la réédition du premier tome d’Astérix en décembre 1989, centenaire de la révolution française (un clin d’œil auquel je n’ai pas résisté), est une version plus aboutie que l’originale. L’effort d’actualisation graphique est superbe.

Mais que se passa-t-il en 1959 sous le ciel de la gaule du général assonant ? La dernière guerre panse ses plaies, la jeunesse zazou adopte les standards américains, c’est l’époque de Ménino… nous sommes au mois d’août. Il fait chaud, et deux auteurs de bande dessinée s'épongent le front en banlieue parisienne. En fait, c’est le vertige de la page blanche qui leur fait perler le front de gouttes d’angoisse, car le ventilateur se charge de la température estivale : le premier numéro de Pilote, un nouveau magazine pour les jeunes dont la parution doit intervenir à la rentrée des classes, attend une nouveauté de leur part… mais l’inspiration ne se convoque pas à la demande. Le scénariste (René Goscinny) et le dessinateur (Albert Uderzo) sont 2 amis. Du charbon de leur complicité va naître une étincelle de génie : Goscinny a l'idée d'un petit Gaulois rebelle et moustachu. L’astérisque, utilisée en appel de note, inspire son créateur et le voilà baptisé Astérix. Du coup, la désinence des noms de personnages sera déclinée et naîtra un véritable phénomène de société. Une bande dessinée qui allait mettre tout le monde d’accord : du petit frère aux grands-parents, en passant par toutes les tranches de la population. De l’école à la rue, c’est la contamination. Le virus s’est propagé et personne ne songe à se faire vacciner. Du coup, chacun en tombera malade. Du jamais vu (peut être en dehors de Tintin et de Lucky Luke qui valent aussi leur pesant d’or). Je me souviens de la publication de chaque album qui était attendue comme le Saint Sacrement.

Astérix le gaulois fait donc sa première apparition le 29 octobre 1959 dans les pages de Pilote, avant de sortir en librairie 2 ans plus tard. La suite, vous connaissez (et même le début, mais ce fut un plaisir de le raconter).

On aurait presque honte de commenter un tel monument dans l’édition de la bande dessinée, mais il convient tout de même de le saluer. Dans cet épisode inaugural, le principe de la série est installé. Obélix n’a pas encore toute sa place, mais l’humour inimitable de Goscinny et la potion magique sont déjà là. Époustouflant ! C’est jubilatoire, une toilette de l’esprit, un vent de liberté, une poésie comique, un « comic strip » inespéré, servis par un dessin extraordinaire. Uderzo arrive à faire parler son trait, vivre les attitudes, communiquer les émotions ; les personnages s’animent, on entend leur voix, on les sentirait presque si c’était possible. Un style nouveau venait de naître… le ciel venait de nous tomber sur la tête.

Écrit pour Babelio en novembre 2010.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire